Huile d'olives: Les privés temporisent... L'Etat sollicité
Anouar Harrathi, membre du bureau exécutif national de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP), s'est exprimé aujourd'hui, vendredi 29 novembre 2024, dans Midi Show, au sujet du secteur de l'huile d'olive, de l'avancement de la saison de récolte et des prix actuellement appliqués.
Il a affirmé que l'Union salue les mesures, annoncées hier par le président de la République, relatives à la sécurisation de la saison de récolte des olives pour protéger les droits des agriculteurs, tout en appelant à leur mise en œuvre rapide, "car nous sommes en lutte contre le temps, surtout que les fruits sont encore sur les arbres".
Harathi a expliqué qu'environ 10% de la récolte d'olives a été effectuée, selon les premières estimations, mais que le principal problème réside dans la "négligence" des entreprises privées d'exportation qui, pour des raisons inexpliquées, n'ont pas commencé à acheter et à commercialiser l'huile.
Et de prèciser : "ces entreprises ont prospéré, pendant longtemps, grâce à l'huile d'olive tunisienne, mais cette année, elles n'ont pas accompli leurs tâches. Nous appelons donc l'Office national de l'huile à intervenir de toute urgence pour acheter l'huile disponible dans les moulins et la stocker".
Il a, par ailleurs, souligné que l'État tunisien a, depuis des décennies, mis en place un programme et des circuits intégrés pour la production, la récolte, la presse et la vente des olives, créant l'Office national de l'huile dont la capacité initiale de stockage était de 250 000 tonnes. Cependant, au fil du temps et en raison de diverses politiques, cet Office a été marginalisé, ce qui a fait baissé cette capacité à seulment 80 000.
L'invité de Midi Show a précisé qu'un tiers des terres arables de la Tunisie sont plantées d'oliviers et qu'il est prévu que la récolte atteigne 600 000 tonnes, cette année et l'année prochaine. Il a ajouté : "L'huile d'olive est une richesse nationale qui doit être valorisée et préservée. Cela nécessite également de développer l'Office de l'huile pour qu'il accompagne l'évolution de la production, car il est prouvé que la dépendance aux entreprises privées est un choix erroné".
Harrathi a, également, affirmé que les entreprises privées n'ont pas évolué, ni ajouté, à la valorisation de l'huile d'olive tunisienne et encore moins exploré de nouveaux marchés, se contentant de méthodes traditionnelles et d'exportations limitées.
Il a indiqué que l'exportation de l'huile d'olive a généré, l'année dernière, environ 5 000 millions de dinars en devises étrangères. "Nous espérions atteindre 7 000 millions de dinars cette année, mais il semble que certains souhaitent perturber le processus et nuire à l'économie tunisienne, en retardant l'achat et l'exportation du produit, ce qui a 'étouffé' à la fois les agriculteurs et les propriétaires de moulins", a-t-il encore dit.
Concernant les solutions proposées, Anouar Harrathi a déclaré que le problème est temporaire, car la demande en provenance d'Europe se manifestera. Les choses reviendront à la normale à ce moment-là. "Pour l'instant, il est nécessaire que l'Office de l'huile intervienne pour acheter les quantités déjà pressées, relancer les processus de récolte et de presse, et encourager les agriculteurs. Nous suggérons également à ces derniers de stocker leurs produits, car toutes les quantités seront vendues, avant la fin de l'année administrative".
Il a ajouté que l'Union a proposé, lors d'une réunion, de créer des sociétés locales et régionales pour absorber les grandes quantités de production attendues, évitant ainsi les circuits instables actuels. Il a conclu en lançant un appel au ministre de l'Agriculture pour intervenir rapidement et acqérir toutes les quantités et pas seulement l'huile d'olive extra vierge, afin de fournir une "bouffée d'oxygène" aux moulins et de libérer les espaces de stockage.